Comment j’ai découvert le jiu-jitsu

Même avant mes débuts dans le JJB, je connaissais déjà certains principes de la bagarre en kimono sur un tatami.
J’ai commencé le judo à l’âge de 9 ans et ce sport est rapidement devenu une passion. Comme dans toute passion, nous avons connu nos hauts et nos bas: de l’adrénaline du Haut-Niveau, à l’explosion de joie des médailles en équipe en passant par la souffrance de [trop] nombreuses blessures. 

Pourtant, malgré les frustrations des blessures et les difficultés pour reprendre à chaque fois, je n’avais jamais pu sortir le judo de ma vie.

Le début d’un voyage

Début 2016, j’ai 25 ans, je quitte mon travail en CDI pour partir en Amérique du Sud avec un aller-simple. Je n’ai pas de but précis, à part celui du voyage en lui-même.

Deux mois avant le départ, alors que je disputais le championnat de France 1ère division par équipe avec mon club de judo, je me suis démis l’épaule sur le dernier combat. Après un mois d’immobilisation complète puis quelques séances de rééducation express, je pouvais porter mon sac, mais je n’envisageais pas la reprise des sports de combat. Une partie de moi commençait à penser [tristement] que le temps était sans doute venu de tourner la page sur le judo, en tout cas à haut niveau.

En Janvier 2017, après 8 mois de voyage, je suis arrivée au Chili, dans le petit village de Frutillar ! J’avais été contactée par un hôte cherchant des volontaires pour l’organisation d’évènements et quelques travaux informatiques. Alors que je me trouvais encore en Argentine, j’ai rapidement passé la frontière pour m’y rendre. Le coin est charmant, situé au bord du lac Llanquihue, offrant une vue magnifique sur le majestueux volcan Osorno.

Le volcan Osorno et le lac Llanquihue

C’est peut-être cliché, mais en arrivant dans ce village j’étais certaine que quelque chose d’important pour moi allait s’y produire.

Nous étions plusieurs volontaires sur place et j’ai notamment fait la connaissance d’Ambre et Nicolas, un couple de français hyper sympas. Alors que je venais de passer 10 mois sans pratiquer le moindre sport (mis à part la rando et l’activité liée à certains travaux manuels), Nicolas m’a motivée à aller courir une fois avec lui. Il n’en fallait pas plus pour relancer la machine et me redonner l’envie de reprendre le sport.

Samedi après-midi, alors que l’évènement que nous organisions touchait à sa fin, j’ai eu l’envie de retourner courir. Cette fois-ci, Nicolas n’avait pas pu m’accompagner.

La rencontre

Je venais de terminer ma session de footing et m’étais arrêtée pour faire quelques étirements sur la plage avant de rentrer. Là, mon attention s’est portée sur un groupe de 3 personnes essayant de faire diverses acrobaties, équilibres, roues et autres. Évidemment, j’ai immédiatement essayé de les imiter !
Me voyant faire, l’un d’eux s’est approché de moi pour me demander d’où je venais et si je pratiquais un sport. Je leur ai expliqué que j’étais volontaire tout près, que je venais de France où j’avais longtemps pratiqué le judo mais que cela faisait quelques mois que j’étais à l’arrêt. Il m’a tout de suite répondu: “du judo ? Génial ! Nous on fait du jiu-jitsu brésilien, on vient juste d’ouvrir une salle dans la partie haute du village ! Il faut que tu viennes ! “

5 minutes plus tard, j’étais en train de combattre contre l’un d’entre eux devant le regard interloqué des personnes encore sur la plage.

Le lundi suivant, le 17 janvier 2017, je me présentais devant la petite salle d’Auca dojo* pour mon premier cours de jiu-jitsu brésilien.

Le logo de Auca dojo – AUCA est un mot mapuche (une tribue indigène du Chili) qui signifie rebel, insoumis.

Le propriétaire, Daniel, jeune papa de jumelles, était alors ceinture violette et donnait tous les cours avec son premier élève, Claudio, ceinture bleu. J’ai reçu un accueil formidable dans ce club et j’ai énormément appris avec Daniel et les autres.

Si mon niveau en judo me donnait certaines bases pour le combat debout, je n’en menais pas large une fois au sol où mon premier réflexe était de me jeter à plat ventre [….Très mauvaise idée !!! – sic ]. Auca Dojo a fait renaître la flamme de l’attraction du tatamis, ils m’ont appris à envisager le combat différemment et à remettre en question ce que je prenais pour acquis. En découvrant, les techniques de garde et de passage, j’avais l’impression qu’un nouvel Eldorado s’ouvrait à moi. Un monde merveilleux de nouveaux apprentissages et d’évolutions possibles, et j’étais loin de me douter que je ne voyais encore que la partie émergée de l’iceberg.

Pendant le mois et demi restant jusqu’à la fin de mon volontariat, je suis allée m’entraîner tous les soirs de la semaine. Dès que je terminais ma journée, je partais en direction du dojo, en marchant ou en courant, pour parcourir chaque jour les 6,5kms qui séparaient la salle de mon lieu d’habitation.

Daniel et ses coéquipiers sont réellement passionnés par cet art et par sa transmission et je ne pourrais jamais les remercier assez pour m’avoir embarquer dans cette aventure avec eux !

Fin d’entraînement à AUCA Dojo

De mon côté, j’ai essayé de rétribuer comme je le pouvais en donnant quelques cours de judo, mais cela ne pourra jamais compenser ce que j’ai reçu. Auca Dojo a complètement changé ma vie en m’emmenant à démarré le jiu-jitsu. C’est grâce à ce sport que j’ai retrouvé le goût de la compétition. C’est aussi pour ce sport que je suis ensuite retournée au Brésil et que j’ai rencontré Marcelo, l’homme merveilleux qui partage ma vie et le papa de ma fille.

Comme j’étais en voyage et essayais de maintenir mes possessions au plus strict minimum (rapport au poids et la taille limitée du sac à dos), je n’avais pas de kimono. Ce sont les membres d’Auca Dojo qui me prêtaient chacun leur tour un kimono pour les entraînements. Daniel, refusant que je porte une ceinture blanche à cause de mon niveau en judo, m’avais également donné son ancienne ceinture bleue.
Je me suis entraînée là-bas de mi-janvier jusqu’à fin février 2017. En partant de Frutillar, j’ai rapidement sauté le pas de l’acquisition d’un kimono pour pouvoir continuer à m’entraîner sur la route.
En juin 2017, avant de quitter le continent sud Américain pour l’Inde, j’ai tenu à repasser par Frutillar et Auca Dojo. Je me suis à nouveau entraînée avec eux pendant 2 semaines. C’est à ce moment que j’ai officiellement reçu ma ceinture bleue des mains de Daniel, sous la supervision cette fois de leur mestre référent ceinture noire.

Ma ceinture bleue de JJB, cadeau de Daniel, dans le désert d’Atacama